Sous-titrage automatique, les traducteurs humains sont vent debout !

En tant qu'association regroupant plus de 550 professionnels de l'adaptation audiovisuelle (sous-titrage, doublage et voice-over, audiodescription, jeux vidéo), l’ATAA souhaite alerter les adaptateurs, les commanditaires, les diffuseurs, les réalisateurs, scénaristes, monteurs, toute personne participant à la création d'œuvres audiovisuelles, ainsi que le public qui s’intéresse aux films, aux séries et aux documentaires.

Une grande plateforme, pour préparer son lancement en France, a sollicité des prestataires techniques qui ont massivement recours au sous-titrage “automatique".

On le sait maintenant, la traduction automatique est un oxymore, puisqu’un humain ne traduit pas des mots, mais du sens. Or aucune machine ne comprend l’information qu’elle traite, elle ne fait que des corrélations statistiques et ne voit même pas l’image qu’elle est censée sous-titrer. À la trappe, l'esthétique, l'intention, le ton, le son, le respect du montage et du rythme. Une machine ne saisit pas le contexte, ne peut pas faire de poésie, de style, ne peut pas manier l’ironie ni jouer sur les mots. Bref, elle ne peut pas mettre d’humanité derrière les mots. Au passage, elle pille le travail des auteurs, car les bases de données sur lesquelles elle s’appuie sont alimentées par les traductions réalisées depuis des décennies par des hommes et des femmes, sans que ces dernier.es aient donné leur accord. Rappelons qu’une traduction est protégée par le Code de la Propriété Intellectuelle et que l’auteur qui en est à l’origine a un droit moral qu’il faut respecter.

Et comme, sans surprise, ça ne marche pas (on vous explique pourquoi ici, avec des exemples), les promoteurs de cette technologie comptent sur nous, adaptateurs professionnels, pour corriger, "post-éditer". Mission impossible, puisque la bouillie produite par la machine doit être réécrite quasiment entièrement. Au bout du compte, pour obtenir un vrai sous-titrage, cette méthode s’avère plus coûteuse en temps, en argent et en énergie que de faire appel dès le départ à des professionnel.les. On en parle dans le détail.

Nous appelons donc à la mobilisation :

  • des adaptateurs qui ne veulent pas devenir des robots correcteurs de robots : Refusez en bloc ces travaux !
  • de tous les acteurs de la chaîne de production et de diffusion qui ne veulent pas voir leurs œuvres trahies et dénaturées : Défendez la qualité des adaptations réalisées par des êtres sensibles et humains et rejetez ces pratiques !
  • des spectateurs qui préfèrent continuer à voir des œuvres correctement traduites plutôt que des “produits” massacrés par des machines : Faites entendre votre voix !

Article modifié le 03/10/2022 à 18 h 30, suite à un entretien avec les représentants de la plateforme. Ils nous ont affirmé que la qualité des adaptations leur tenait à cœur et qu'ils étaient contre la pratique d'automatisation de l'adaptation. Celle-ci tend cependant à se développer et notre article la dénonce, quels qu’en soient les responsables. Cela ne changeant rien aux offres de travail reçues par les adaptateurs, nous avons choisi d'anonymiser le communiqué, sans pour autant le supprimer complètement.

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