La femme dans le scénario italien

C’est à faire grincer des dents.

Le cinéma est en majorité masculin, et surtout écrit par les hommes. Même quand le rôle principal est tenu par une femme, c’est en général un homme qui aura écrit le scénario. Tout au plus, il se fera relire et aider par sa femme, sa sœur… ou sa fille.

Certains scénaristes décrivent toujours le même genre de femmes, piochées dans leur entourage. Sans doute est-ce une façon de se défouler contre leur femme, leur maîtresse ou leur mère… De ces femmes assez précises, ils passent à la femme de leurs rêves – Mata Hari ou Ophélie –, vrais phantasmes que seule l’intervention in extremis de la comédienne peut rendre (presque) plausible.

J’ai traduit des scénarios où le rôle de la femme, son dialogue, son comportement étaient absurdes. Puis j’ai vu une comédienne rendre valable son interprétation, féminiser un rôle qui ne l’était pas.

Les scènes d’amour sont capitales (pourquoi ?) dans presque tous les films. À moins qu’il ne s’agisse d’un viol, la femme vibre dès qu’un homme la touche et veut faire l’amour avec elle. La femme désire toujours, elle jouit à fond… Elle n’éprouve de dégoût que si l’homme est un affreux, un monstre, un assassin (et encore !).

Les caresses sont toujours décrites sur la femme (quitte au tournage à faire caresser l’homme). On s’attarde sur toute la lingerie féminine à enlever avant l’amour, mais le déshabillage de l’homme s’arrête souvent à la chemise, parfois même à la cravate qu’il « s’arrache d’un geste brutal » (ou nerveux, ou impatient). Je n’ai jamais trouvé de description de fesses musclées, molles, ou masculines. On se contente de dire que l’homme est mâle et viril, mais sans détails. Alors que pour la description d’une femme, on a droit à la courbe des seins, aux rondeurs, au pubis renflé…

Les scènes d’impuissance masculine sont déchirantes mais rapides. S’il ne peut pas faire l’amour avec une femme, c’est souvent parce qu’il est amoureux de la sienne, ou qu’il est homosexuel (mais on n’arrive jamais à ce stade). Il n’est jamais fatigué. Il est toujours prêt. Comme je l’ai dit, la femme aussi.

Heureusement que les jeunes sont là. Ceux-ci se complaisent peu dans les descriptions, je l’ai souligné. Et les femmes retrouvent un peu plus de densité. Mais il faudrait faire encore un petit effort.

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