Quelques artifices du repérage

36. Complétons les remarques contenues dans le chapitre précédent par l’énumération de quelques petites astuces techniques qui permettent souvent une « économie » substantielle de sous-titres sans le moindre préjudice pour la clarté des textes.

37. La première est assez notoire mais, malheureusement, trop rarement appliquée. Elle permet, dans certaines juxtapositions de dialogues, de substituer un seul sous-titre plus long à trois courts. C’est le cas d’une conversation à deux personnages dont un prononce deux phrases longues entre lesquelles s’introduit une courte réplique de l’autre. Importante ou non, cette dernière peut presque toujours être omise ou, à défaut, être incorporée dans la réplique du premier personnage. Bien entendu, le sous-titre qui en résulte s’étale alors sur la longueur globale des trois répliques. Voici un exemple :

Dans les deux exemples, la réplique du personnage « B » est négligeable et son omission n’altère nullement le sens du dialogue original. Le spectateur lit, tout à son aise, un seul texte au lieu d’en subir trois et, avec eux, tous les inconvénients qui s’y rattachent.

38. Un autre artifice rend possible l’élimination d’un sous-titre sur deux, notamment dans le cas d’un dialogue échangé en forme de « questions et réponses » multiples et saccadées. Pour éviter une rapide succession de sous-titres courts, on se contente, souvent non sans bonheur, de ne sous-titrer que la réponse, de sorte que la question posée y soit comprise1 :

39. Mentionnons encore un dernier procédé, que nous recommandons au demeurant de n’employer qu’en cas d’impérieuse nécessité. Il consiste à placer, dans un seul sous-titre, deux courtes répliques très rapprochées, dites par des personnages différents.

Il arrive parfois qu’un repérage « fractionné » ne soit guère possible, du fait de la brièveté excessive de ces répliques. En mettant à profit le silence, court mais précieux, qui les réunit, on les place dans un même sous-titre, gagnant ainsi en « temps de lecture » et diminuant l’effort visuel à accomplir.

Pour signaler que le personnage change, on dispose le texte sur deux lignes, en faisant précéder chacune d’un tiret2.

40. Enfin, un « trucage d’asynchronisme » permet l’allongement, par le début ou par la fin, de la durée d’un dialogue trop court, mais dont la traduction est indispensable. Cela consiste à faire apparaître le sous-titre un rien en avance – ou de le faire disparaître en retard – par rapport à la parole3.

41. C’est dans l’application rationnelle et justifiée de ce genre d’astuces que se révèle la personnalité artistique et technique du repéreur.

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