Liste-modèle des dialogues

62. Théoriquement, les deux éléments élaborés par le repéreur à l’intention de l’adaptateur – repérage et footage – doivent permettre à celui-ci d’entreprendre la rédaction des sous-titres. En pratique, l’un de ces éléments – notamment la liste des dialogues repérés – est généralement plus ou moins déficient, sans que le repéreur puisse être mis en cause. Car, pour exécuter un repérage impeccable, il faudrait que le matériel qu’il reçoit à cet effet soit également impeccable ou du moins satisfaisant. Ce matériel doit comprendre une copie de travail en bon état et une liste des dialogues non seulement conforme au film, mais munie de certaines indications substantielles.

63. Si l’on peut concevoir qu’une Maison hésite à se dessaisir d’une bonne copie pour en faire un élément de travail auxiliaire et qu’elle aime mieux en sacrifier une en mauvais état, on comprend moins bien son insouciance à l’égard d’un élément de travail aussi capital qu’une liste des dialogues, qu’elle se contente couramment de remplacer par un simple découpage.

Or, un découpage initial est rarement conforme à ce qui est réalisé sur le plateau, tout spécialement en ce qui concerne les dialogues qui y sont généralement improvisés, modifiés, supprimés ou rajoutés par rapport aux textes du découpage. Le repéreur qui reçoit ce dernier dans sa rédaction primitive doit se livrer à des « conformations » laborieuses qui ne devraient pas lui incomber et qui diminuent encore l’efficience de sa tâche principale, en temps et en qualité.

On peut facilement éviter ces inconvénients en faisant établir une liste des dialogues en fin de production, aussitôt le montage et le mixage du film effectués. (Le mieux est d’utiliser à cette fin la copie dite « copie zéro », dès que le laboratoire peut s’en dessaisir, c’est-à-dire une fois les rectifications d’étalonnage effectuées.) Bien souvent cela équivaut à une simple vérification. Dans beaucoup de cas, une retranscription partielle ou totale des dialogues est nécessaire, ce qui entraîne la confection d’un nouveau découpage, lequel cette fois sera le reflet du film tel qu’il a été réalisé. Cela représente, bien entendu, un surcroît de travail, mais quand on pense que celui-ci n’est ni compliqué, ni très long, ni onéreux et que, de plus, cette conformation facilite les travaux de doublage éventuel, en s’amortissant ainsi à double titre, on peut affirmer que « le jeu en vaut la chandelle ».

64. En somme, notre liste-modèle doit être conçue de la manière suivante :

  1. Elle doit être dactylographiée, sur du papier fort1, en interlignes suffisamment espacés pour permettre des annotations inhérentes au repérage : numéros d’ordre, signes de début et fin de phrases, marques de renvoi, etc. ;
  2. Une marge libre sera laissée par mesure de sécurité pour des indications utiles, ne figurant pas dans le découpage ;
  3. Elle comportera, au début de chaque plan dialogué, une brève description
    du décor et de l’action, car il arrive souvent que, faute de cet élément, le dialogue soit incompréhensible ;
  4. Le nom du personnage qui parle sera suivi du nom de celui à qui il
    s’adresse. (Cette indication est précieuse non seulement pour le style de l’adaptation, mais surtout en ce qui concerne l’emploi de certaines formes grammaticales telles que : pluriel, genre, accord de participes, etc.)

65. Une liste-modèle ainsi conçue constitue un élément de travail à peu près satisfaisant. Nous disons « à peu près », car elle contient forcément des lacunes que le repéreur est obligé de combler par des remarques supplémentaires. Mais enfin, c’est un effort peu important par rapport à celui qu’il doit fournir lorsque la liste ne contient aucun renseignement ou en contient d’inexacts.

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