Coup de gueule et cri du cœur

Régulièrement, sur un groupe Facebook de traducteurs et traductrices de l'audiovisuel, on peut lire : "Mais que font les syndicats ?" "C'est à l'ATAA de faire bouger les choses !" "Faut faire ceci... y a qu'à faire cela..." "Faut que le SNAC s'empare du sujet !" Et régulièrement, mon sang ne fait qu'un tour.

Au risque de le répéter une millième fois : les organismes qui représentent les auteurs et autrices sont ce que ces mêmes auteurs et autrices en font ! S'il y avait plus d'engagement parmi les collègues, les associations et les syndicats mèneraient plus d'actions, arriveraient à mobiliser plus de monde, auraient plus d'impact et de poids face aux labos, aux clients, aux distributeurs...

"Voices of Culture" : l'AVTE sélectionnée

AudioVisual Translators Europe (AVTE), la fédération européenne des associations de traducteurs audiovisuels, dont l’ATAA est membre, s’est portée candidate avec succès au dialogue organisé par la Commission européenne avec le secteur culturel. L’AVTE est l’une des 47 organisations de professionnels de la culture et de la création à avoir été retenues. Elle est aussi l’une des sept organisations du secteur audiovisuel et la seule fédération de traducteurs participant à ce dialogue.

Ce dialogue est structuré selon trois grands thèmes :

  • Revenus des artistes et des professionnels de la culture et de la création, statut des artistes
  • Mobilité des artistes et des autres professionnels de la culture et de la création
  • Liberté artistique et liberté d’expression

Organisé à la demande du Parlement européen, le dialogue “Voices of Culture” se déroule en trois étapes de mars à juin 2021, au cours desquelles chaque organisation participante doit répondre à un questionnaire portant sur ces trois thèmes (pour le 24 mars), participer à une réunion de réflexion (“brainstorming meeting”, 27-28 avril) et rédiger un rapport (“Brainstorming Report”) qui sera présenté à la Commission européenne lors d’une réunion de dialogue (29 juin).

L’AVTE y défendra les intérêts des traducteurs audiovisuels : rémunération juste, conditions de travail acceptables, protection contre l’exploitation par les prestataires multinationaux de localisation, défense de la liberté d’expression et de traduction, protection contre la censure.

L’AVTE défendra également les créateurs de l’audiovisuel et leurs œuvres, par la promotion d’une traduction de grande qualité comme vecteur indispensable de la diffusion des œuvres audiovisuelles au sein de l’Union européenne.

Voir aussi le communiqué en anglais sur le site de l’AVTE.

Pour la réouverture des cinémas ! L’ATAA avec la SRF

Nous, traductrices et traducteurs de l’audiovisuel, mettons notre créativité au service des œuvres, quel que soit leur canal de diffusion. Mais nous sommes profondément attachés à la salle de cinéma, espace primordial de diffusion des films.

Aujourd’hui, si les plateformes pètent la forme, l’état des salles est létal ! Les cinémas français sont fermés depuis plus de quatre mois, auxquels s’ajoutent les quatre mois du confinement du printemps 2020. Cette fermeture prolongée, actuellement sans calendrier de réouverture, met à mal les métiers du cinéma et la création audiovisuelle dans son ensemble.

La Société des réalisateurs de films (SRF) en fait la démonstration dans une tribune, Un jour sans fin . L’ATAA soutient la SRF dans cette démarche et demande avec elle la réouverture des 2 000 cinémas de France (près de 6 000 écrans) et le redémarrage complet de notre secteur culturel et artistique.

L'ATAA soutient Paroles de Scénaristes

« Invisibilisation, travail gratuit, précarité financière, abus de pouvoir, réappropriation de notre travail » : voilà des termes dont les traducteurs audiovisuels professionnels sont malheureusement familiers parce qu’ils décrivent certaines situations que nous rencontrons dans notre activité. Ces mots sont pourtant ceux des scénaristes français qui déplorent leurs conditions de travail et celles de l’utilisation de leurs créations, en lançant un appel à la ministre de la Culture, relayé par plusieurs médias dont Télérama. En outre, une page Facebook, « Paroles de scénaristes », recense actuellement les très nombreux témoignages de spoliation du travail des scénaristes.

Sans les scénaristes, pas de films ni de séries. D’eux dépend toute la chaîne de création du cinéma et de l’audiovisuel. Nous, traductrices et traducteurs de l’audiovisuel, nous situons au début et à la fin de cette chaîne : au début, quand nous traduisons des scénarios ; à la fin, quand nous sous-titrons et doublons les dialogues écrits par les scénaristes. Et, en France, nous partageons avec eux le statut d’auteur, si malmené actuellement. Nous ne pouvons donc qu’être solidaires des praticiens de ce métier de création. L’ATAA soutient pleinement, et sans hésitation, cet appel et le forum d’expression « Paroles de scénaristes ».

Communiqué

Dans cette crise sans précédent du secteur de la culture, la quasi-totalité des organisations d'auteurs, toutes disciplines confondues, s'unissent pour parler d'une même voix sur les questions essentielles qui les rassemblent.

Nous, organisations et syndicats d’artistes-auteurs de tous métiers appelons collectivement les pouvoirs publics à prendre les dispositions nécessaires pour que des aides Covid prolongées en 2021, complémentaires, unifiées et équitables soient garanties aux artistes-auteurs.

La crise sanitaire a économiquement affecté tous les artistes-auteurs. Nos professions, déjà précaires, sont aujourd’hui gravement menacées. Nous demandons que les aides de l’État soient prolongées et complétées jusqu’au retour à la normale, et qu’elles soient accessibles à tous de manière simple et équitable.

Nous demandons également que la direction de la sécurité sociale considère commeprioritaire la résolution des dysfonctionnements et l’amélioration du portail Urssaf dédié aux artistes-auteurs. Il est aujourd’hui urgent que les moyens nécessaires soient affectés à ce nouveau portail et que les artistes-auteurs puissent bénéficier d’un service en ligne complet et pleinement opérationnel.

ADABD – Association des auteurs de bande dessinée

ADDOC – Association des cinéastes documentaristes

AGrAF – Auteurs groupés de l’animation française

AFD – Alliance France Design

AICA – Association internationale des critiques d’art

ATAA – Association des traducteurs adaptateurs de l’audiovisuel

ATLF – Association des traducteurs littéraires de France

CAAP – Comité pluridisciplinaire des artistes-auteurs

CEA – Association française des commissaires d’exposition

La Charte des illustrateurs jeunesse

CLAP – Comité de liaison et d’action pour la photographie

EAT – Écrivains associés du théâtre

EGBD – États généraux de la bande dessinée

GAM – Guilde des artistes de la musique

GARRD – Guilde des auteurs-réalisateurs de reportages et de documentaires

Groupe 25 Images

Guilde française des scénaristes

Ligue des auteurs professionnels

SAJ – Société des auteurs de jeux

SCA – Scénaristes de cinéma associés

SELF – Syndicat des écrivains de langue française

Séquence7 – Association de scénaristes émergents

SGDL – Société des gens de lettres

SMC – Syndicat français des compositrices et des compositeurs de musique contemporaine

SMdA-CFDT – Solidarité maison des artistes CFDT

SNAA-FO – Syndicat national des artistes-auteurs FO

SNAC – Syndicat national des auteurs et des compositeurs

SNAP-CGT – Syndicat national des artistes plasticiens CGT

SNMS – Syndicat national des metteurs en scène

SNSP – Syndicat national des sculpteurs et plasticiens

SNP – Syndicat national des photographes

SRF – Société des réalisateurs de films

STAA – Syndicat des travailleurs artistes-auteurs

UCMF – Union des compositeurs de musique de films

UNAC – Union nationale des auteurs et compositeurs

UNPI – Union nationale des peintres illustrateurs

UPP – Union des photographes professionnels auteurs

Lettre ouverte au Président de la République et au Premier ministre

Monsieur le Président,

Monsieur le Premier ministre,

Vous avez pris la décision de laisser les secteurs culturels et artistiques du pays à bout de souffle en refusant aux salles de spectacle, de concert et de cinéma de rouvrir leurs portes à compter du 15 décembre.

Cette prolongation, dépourvue de date limite, est la goutte qui fait déborder un vase déjà bien plein depuis le mois de mars. Les conséquences sont désastreuses pour la création cinématographique et audiovisuelle ainsi que pour son exploitation en France et en Europe.
La traduction est indispensable à la diffusion des œuvres audiovisuelles étrangères en France et des œuvres françaises à l’étranger. Or, la décision de repousser à nouveau la réouverture des salles de cinéma a pour conséquence de fragiliser encore un peu plus les auteurs de doublage, de sous-titrage, de voice-over et de traduction de scénarios.

Nos métiers sont pris entre deux feux : d’une part, le ralentissement de la production et le report de la distribution des films à des dates impossibles à prévoir ; d’autre part, l’augmentation du nombre de films désormais diffusés directement sur les plateformes, celles-ci faisant appel à des prestataires techniques qui imposent aux traducteurs des délais de plus en plus difficiles à respecter pour fournir un travail créatif de qualité, sans parler des rémunérations toujours plus basses.

Nous avons conscience du caractère exceptionnel de la situation sanitaire. Mais nous avons tout autant conscience des conséquences sociales, économiques et culturelles qui en découlent et forment une vague elle aussi dévastatrice.

L’ATAA s’associe à la SRF et à l’AFCAE pour dénoncer le mépris dont vous faites preuve à l’encontre de nos secteurs. Elle apporte également son soutien aux initiatives de référés-liberté visant à faire annuler votre décision par les juges administratifs.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président,, Monsieur le Premier ministre, l’assurance de notre considération.

L’Association des Traducteurs Adaptateurs de l’Audiovisuel (ATAA)

Le « jeu de la baisse » : stratégie perdante pour tous

Encore de mauvaises nouvelles dans le secteur du sous-titrage en France : l’un des plus grands labos français applique depuis quelques mois, à bas bruit, des baisses de tarifs sur une grande partie de ses séries.

Traduction, puisque c’est notre métier : on annonce actuellement aux auteurs que pour la nouvelle saison d’une série sur laquelle ils travaillent depuis des années à un tarif donné, ils seront maintenant payés 10 à 30 % de moins, à travail égal. Pas si égal que ça, d’ailleurs. En quelques années, on a vu en plus se multiplier les tâches annexes : remplissage de tableaux de concordance VO/VF, traduction de synopsis, recalages/conformations sur des versions successives… Souvent sans contrepartie, car censées être comprises « dans le forfait », c’est bien pratique.

Subtitles at the Deauville festival

Why such contempt for movies and their audience?

At a time when post-production labs and service providers are focusing more and more on artificial intelligence tools that are alleged to assist faster and less "expensive" subtitling, it is worth recalling what machine translation looks like. Contrary to what some people claim, it is far from perfect.

The 46th Deauville American Film Festival, held (with face-masks) from September 4th to 13th, 2020, provided a perfect illustration of this. Rarely have so many botched subtitles been on display in a single festival. Except for a handful of movies in competition, which were professionally subtitled, the French subtitles of the films screened were at best difficult to read and full of errors, at worst totally absurd and incomprehensible.

Sous-titrage au festival de Deauville

Pourquoi tant de haine pour les œuvres et les spectateurs ?

À l’heure où des laboratoires de post-production et des commanditaires commencent à s’intéresser aux intelligences artificielles censées permettre des sous-titrages plus rapides et moins "coûteux", il est bon de rappeler à quoi ressemble une traduction automatique. Contrairement à ce que l’on entend, c’est loin d’être au point.

Le 46e Festival du cinéma américain de Deauville, qui s’est tenu (masqué) du 4 au 13 septembre 2020, en offrait un bon exemple. Rarement a-t-on vu autant de sous-titrages bâclés. Sauf pour quelques rares films de la compétition, qui étaient sous-titrés de façon professionnelle, ils étaient au mieux difficiles à lire et bourrés d’erreurs, et au pire totalement absurdes et incompréhensibles.

Sous-titrage : attention, danger !

Depuis peu, plusieurs prestataires internationaux de sous-titrage publient des annonces destinées aux sous-titreurs indépendants. Dans la plupart des cas, aucune expérience n’est requise, mais simplement privilégiée. Ces annonces mettent en avant des points positifs comme la souplesse des horaires, le travail à domicile, la maîtrise de la charge de travail. La seule chose qui n’est pas mentionnée, ce sont les tarifs.

C’est quand ils se portent candidats que les traducteurs découvrent des tarifs extrêmement bas, que ces sociétés n’ont aucune intention d’augmenter. La plupart de ces tarifs ne permettent de gagner que l’équivalent du salaire minimum en travaillant à plein temps. Il est alors très difficile de maîtriser sa charge de travail et impossible de cotiser décemment pour sa retraite et sa couverture de santé.
Le sous-titrage est une activité de création qui nécessite un savoir-faire. Tout sous-titreur ou sous-titreuse professionnel-le doit être dûment rémunéré-e pour ce savoir-faire. Les débutants doivent bénéficier de formations sérieuses et ne pas être exploités en étant payés à des tarifs extrêmement bas.

Plus les traducteurs et les sous-titreurs refuseront ces conditions de travail et de rémunération inacceptables, plus nous pourrons nous battre pour faire prendre conscience aux prestataires de services que la traduction audiovisuelle est un métier créatif qui demande du temps et une rémunération décente.
Refusez toute proposition d’emploi formulée dans ces termes et signalez toute annonce inacceptable aux organisations professionnelles de votre pays (en France, l’ATAA), que vous en soyez membre ou non, ainsi qu’à l’AVTE, la fédération européenne des associations de traducteurs audiovisuels, via son site, sa page Facebook ou son compte Twitter.

La traduction audiovisuelle en temps de crise

Sur le rapport Racine, le statut d’auteur et une crise inattendue

Nous, traductrices et traducteurs de l’audiovisuel, sommes des auteurs, au sens de créateurs de ces œuvres de l’esprit que sont les traductions. Mais nous dépendons des créations d’autres auteurs – scénaristes, dialoguistes et cinéastes – et nous nous mettons au service de ceux-ci pour transmettre leurs œuvres à des publics qui n’en comprennent pas la ou les langues originales.

Auteurs de sous-titrage, de doublage et de voice-over, nous avons pour particularité de nous inscrire dans une chaîne de production et de ne pas avoir systématiquement des rapports directs avec les créateurs originaux. Nos interlocuteurs immédiats sont nos commanditaires – sociétés de production, distributeurs de films, diffuseurs, prestataires techniques –, lesquels n’ont pas toujours conscience du statut d’auteur dont nous jouissons sur les plans juridique, social et moral.

C’est à ce titre qu’il nous a semblé important de nous exprimer sur le contenu de « L’auteur et l’acte de création », rapport remis au ministre de la Culture le 22 janvier 2020 par Bruno Racine, fruit de la mission qui lui avait été confiée en avril 2019 (téléchargeable ici).

Après avoir pris connaissance du rapport et des positions de plusieurs organisations d’auteurs, l’ATAA livre ici son point de vue, quatre mois après la parution du rapport. Qui plus est, personne ne pouvait envisager fin janvier la perspective qui est la nôtre aujourd’hui, celle d’une situation de crise sanitaire, sociale et économique qui perdure désormais.

Lettre ouverte au ministre de la Culture

Monsieur le Ministre,

Depuis près de deux mois que dure la crise sanitaire, les adaptateurs de l’audiovisuel, représentés par l’ATAA et qui font partie des artistes-auteurs, attendent toujours de pouvoir accéder au fonds de solidarité mis en place par l’État. En effet, au début de la crise, un numéro de SIRET était obligatoire pour être éligible aux aides alors même que les auteurs, dans leur immense majorité, n’en possèdent pas.

Depuis près de deux mois, le gouvernement promet de rectifier cette « erreur informatique » mais rien n’est fait. Pendant ce temps, l’activité a considérablement ralenti et va continuer de ralentir. Le 6 mai, vous déclariez : « À partir de mi-mai, un site dédié va permettre à la DGFiP que les artistes-auteurs saisissent leur dossier. »

À partir de mi-mai ? Le 14, le 15, le 16 ? Cette fourchette indique-t-elle enfin la bonne date ? Monsieur le Ministre, les artistes-auteurs épuisés seront au rendez-vous, prêts à saisir leur dossier, à la fin de cette semaine.