La grande enquête

La SCAM vient de publier les résultats d’une enquête socio-professionnelle consacrée aux traductrices et traducteurs de l’audiovisuel.

English version.

Le questionnaire a été élaboré en partenariat avec l’ATAA et le SNAC (Syndicat National des Auteurs-Compositeurs). C’est une grande première pour nos métiers et il y a fort à parier qu’elle fera date. L’ATAA s’est efforcée de diffuser le plus largement possible ce questionnaire, afin que l’enquête soit la plus représentative de toutes les branches de nos métiers (doublage, sous-titrage, etc.). 528 personnes y ont répondu, ce qui est très positif. C’est le signe que cette enquête arrivait à point nommé.

Dans ces résultats, quelques relatives bonnes nouvelles, et beaucoup de mauvaises.

Bonne nouvelle : Les traductrices et traducteurs de l’audiovisuel sont majoritairement passés par des formations ad-hoc.
Mauvaise nouvelle : les formations universitaires à la traduction audiovisuelle sont toutes très isolées du monde du travail et préparent mal leurs étudiant.e.s aux réalités du métier. Des bénévoles de l’ATAA interviennent chaque année dans plusieurs de ces formations et nous organisons en septembre une journée d'accueil destinée aux jeunes diplômé(e)s, mais ces quelques heures ne suffisent pas à compenser. La professionnalisation ne se réduit pas à savoir traduire et utiliser un logiciel de sous-titrage ou de doublage. Elle doit s’accompagner d’une initiation aux situations concrètes auxquelles les étudiant.e.s seront confronté.e.s dans leur vie professionnelle.


Bonne nouvelle : Les plateformes de SVOD apportent un surcroît de travail.
Mauvaise nouvelle : Oui, mais en imposant leurs propres méthodes de travail au détriment de la qualité et en perturbant davantage un climat déjà très tendu. Les tarifs imposés pour la traduction (la marge de négociation étant à peu près nulle) sont de 3 fois inférieurs à ceux préconisés par le SNAC. Ajoutons à cela que certaines de ces plateformes freinent des quatre fers pour signer avec les sociétés de gestion collective des accords qui soient acceptables par les auteurs.


Bonne nouvelle : Une population organisée sur le plan professionnel, majoritairement membre des sociétés de gestion collective, d’associations professionnelles et de syndicats.
Mauvaise nouvelle : Les traducteurs de l’audiovisuel restent des travailleurs indépendants qui n’ont pas de moyens légaux de transformer cette capacité à s’organiser en force de négociation. Au nom de la concurrence, toute négociation collective des tarifs pratiqués dans leur secteur leur est interdite. Par conséquent, le rapport de force avec les commanditaires s’en trouve déséquilibré à leurs dépens.


Cependant, si l’on compare la situation en France à celle des autres pays d’Europe, on voit que, chez nous, la traduction audiovisuelle demeure un métier à part entière alors que, chez nos voisins, il devient très difficile de vivre de cette seule activité. Cette relative préservation, nous la devons pour une bonne part au statut d’auteur et aux droits du même nom, ainsi qu’à nos sociétés de répartition grâce auxquelles s’opère un partage de la valeur créée et qui nous apportent une reconnaissance en tant qu’auteurs professionnels.
Alors continuons dans cette voie. Nous n’avons jamais été aussi nombreux à l’ATAA, c’est que nous avons besoin de nous retrouver. Nous sommes aussi de plus en plus nombreux à nous investir dans l’association. Il faut user de cette force collective pour pousser la profession dans la bonne direction !

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